Les Sentes_contes (d60)

Comme les souvenirs, le conte est rédigé à la troisième personne du singulier ou du pluriel. Il mentionne souvent deux ou trois personnes, sans préciser qui elles sont en détail, laissant à la joueuse le soin de supposer qui sont ces personnes (elle peut s'inclure dedans) et si ce sont des personnes fictives ou réelles et bien présentes parmi le peuple, ou laisser ces détails dans le flou.

Image : Guillaume Dumaire, CC-0

d60 Result

1

Conte : ☆ Elles étaient réunies pour les contes de la nuit, mais l’une d’elle avait peur des horreurs cachées dans le noir et a dû repartir. Puis le lendemain elles allèrent se baigner dans la rivière mais l’une d’elle avait peur des horreurs cachées dans l’eau. Alors celle-ci offrit une lumière à la première et l’autre offrit une barque à la suivante. Et depuis elles n’eurent plus peur.

2

Conte : Un jour, l’enfant vient voir la conteuse -   Hé la vieille, pourquoi tu contes ? Tu vois bien que personne ne t’écoute, alors pourquoi tu contes ? La vieille eut un sourire triste : -   Avant, je racontais pour changer le monde. -   Ben tu vois bien que ça ne marche pas. Que personne ne t’écoute. Alors pourquoi tu continues ? -   Maintenant, si je raconte, c’est pour que le monde ne me change pas…

3

Conte : ★ C’était une femme qui avait un enfant aveugle. Elle lui joua un jour un tour pendable. Elle voulait tuer l’ours de la forêt, pour s’accaparer sa viande et sa force, mais elle savait que le malheur serait sur elle si elle le tuait. Alors elle entraîna son enfant au tir, lui disant qu’il serait capable de surmonter sa cécité. Lui faisant croire qu’il visait un arbre, elle lui fit tirer sur l’ours. L’enfant fut dès lors tourmenté chaque nuit par le revenant de l’ours dans la forêt des esprits. Mais l’ours finit par comprendre que l’enfant avait été dupé et ensemble ils se vengèrent de sa mère.

4

Conte : Une nuit, une femme partie loin en forêt pour bûcheronner rêvait de revoir une personne qu’elle aimait plus que tout au monde. Un horla lui offrit cette possibilité et enchanta son canot qui parcourut toute la distance de la forêt en une nuit, afin qu’elle puisse visiter la personne chère à son cœur. Mais un jour, quand on s’y attendait le moins, le horla revint pour demander paiement. Il voulut repartir avec la personne que cette bûcheronne aimait...

5

Conte : ★ Un jour, une personne chassait un cerf légendaire. Enfin, ils furent face à face, elle le tua mais ils tombèrent dans la rivière glacée. Elle eut juste le temps de lui ouvrir le ventre, et de s’y enfouir pour y trouver la chaleur et s’en servir de barque. L’animal dériva sur les rapides, longtemps, et ses amies eurent toutes les difficultés à retrouver sa trace. Le cerf lui avait sauvé la vie. Elle lui coupa la tête et les membres qu’elle offrit à la forêt. Nul ne sait si elle chassa encore après cette histoire.

6

Conte : Les horlas dorment pendant l’hiver, on peut alors parler d’eux sans risque. Mais une conteuse se lassa d’attendre la saison froide pour exercer son art, alors elle sortit ses histoires sur les horlas alors qu’ils étaient encore bien réveillés. On raconte qu’ils la capturèrent et que depuis elle doit leur raconter des histoires sur les hommes. On dit aussi qu’encore aujourd’hui, c’est risqué de parler de cette conteuse.

7

Conte : ★ C’était une ancienne qui était révérée par le peuple parce qu’elle connaissait les histoires et cuisinait encore des tartes malgré son âge. On la respectait mais elle souffrait de ne plus se sentir écoutée. Les jeunes abusaient de l’alcool, étaient sous l’emprise de mauvais esprits et cédaient à des pulsions de mort. Un jour il arriva un malheur.

8

Conte : Une personne était inquiète de passer la nuit dans les bois. Elle entendait les grognements de l’ours et cela la terrifiait. L’ancienne qu’elle accompagnait la rassura : « La forêt veille à l’équilibre des choses. » Au matin, elles découvrirent la carcasse de l’ours, mort. Il avait donné sa vie pour les protéger des loups. L’équilibre a-t-il ainsi été achevé ?

9

Conte : Une jeune voulait entendre des histoires sur les forêts limbiques, domaine des rêves, des souvenirs et des morts. L’ancienne lui signifia qu’elle n’était pas prête, qu’il fallait suivre un long protocole. Mais la jeune perdit patience, elle pensa que l’ancienne était avare de son savoir. Alors dans ses rêves, peut-être avec l’aide d’un horla, elle lui vola ses histoires des forêts limbiques. Mais ainsi, elle y resta enfermée et ne put regagner le monde réel.

10

Conte : Deux personnes avaient un grave différent. Alors les anciennes leurs proposèrent de le résoudre par un duel de chants, de musique et de danse. L’une d’elle, n’ayant aucun talent, demanda l’aide d’un horla et elle remporta le duel, en étant possédée par le horla. Mais depuis, elle est régulièrement prise de transe. Le horla aime bien son nouvel instrument et en use à loisir. On dit que cette personne est toujours parmi nous, mais je crois bien qu’elle est devenue folle.

11

Conte : ★ Une jeune personne était partie à la cueillette avec son bébé dans un berceau. Elle posa le berceau près de la rivière, et s’éloigna pour cueillir de grosses baies. Plus elle trouvait de baies et plus elle s’éloignait. Puis elle entendit un bruit de plongeon, et quand elle revint, c’était trop tard. Un horla avait pris son bébé. Il paraît qu’on entend toujours ses cris dans la nuit.

12

Conte : ☆ Une sage réunissait les siens autour d’un cercle de discussion. Elle insistait sur le rôle cosmique de ce cercle et sur le partage, tout le monde était invité à conter. Un horla prit part au cercle mais il en prit vite ombrage. Il se rendit compte que les gens écoutaient ses contes, mais écoutaient aussi ceux des autres. Alors il se vengea et emporta la sage dans la forêt. Celles qui prétendent l’avoir revue disent en avoir été terrifiés. La tradition du cercle a été maintenue, et on dit qu’il permet de calmer les tensions et aussi de se protéger des mauvais esprits.

13

Le Corax, ou homme-corbeau, a été créé comme le chef de tous les chefs. C'était la personne la plus puissante et la plus brillante, et tous avaient recours à ses connaissances et à son expérience. Mais il était aussi prétentieux et égoïste. Lorsque les oiseaux ont été peints, il a insisté à être mieux peint que tous les autres oiseaux. Bien sûr, il a été récompensé en étant peint tout de noir. La faiblesse du Corax était qu'il ne se voyait pas en relation avec les autres qui l'entouraient. Il se voyait comme un être complet et achevé.

14

Conte : ★ Il était une personne

15

Conte : Il était une conteuse qui voulait raconter à la communauté des anecdotes issues de leur propre vie quotidienne. Alors, elle parlait de ses voisines en les remplaçant par des animaux, elle parlait de ses ennemies en les remplaçant par des horlas. Ces contes faisaient beaucoup recette, et la communauté s’en trouvait instruite à son insu sur ses propres travers. Mais les choses ont commencé à dégénérer quand les membres de la communauté se sont transformés en animaux ou en horlas.

16

Conte : Un jour, une jeune personne s’approcha d’un arbre qui dégageait une lumière mystérieuse. Sa mère avait l’habitude d’y cacher des surprises pour sa famille, aussi elle ne se douta pas que sa curiosité aurait de graves conséquences. Elle plongea la main dans l’arbre à la recherche du cadeau auquel elle se pensait destinée. Elle enfonça la main tant et plus qu’elle toucha la noirceur du monde, qui l’aspira à jamais. On peut encore entendre son cri de détresse.

17

Conte : ☆ Un jour, une fée vint parmi les hommes et les bêtes de la forêt apporter sa lumière. Tous étaient heureux en sa présence, mais au fur et à mesure, sa lumière décrût. Une nuit, elle voulut repartir. Les êtres et les bêtes de la forêt l’implorèrent de leur laisser sa lumière bienfaisante. C’est ce qu’elle fit. Par bonté, elle leur céda sa lumière et partit vivre dans le désespoir. Cette lumière qui nous reste, c’est celle de la lune, et elle décroît gravement, elle mourra et nous avec si nous renonçons à partager notre lumière intérieure.

18

Conte : Il était une personne qui adorait rêver, elle passait le plus clair de son temps dans les forêts limbiques (domaine des rêves, des souvenirs et des morts), délaissant son travail quotidien. Un jour, elle y rencontra une personne famélique. Celle-ci avait très faim et lui demanda de lui parler de son peuple. La personne rêveuse, dans sa naïveté, lui raconta qui était son peuple et où il vivait. Depuis, cette personne cannibale, ce horla, pourchasse notre peuple.

19

Conte : ☆ De toutes les créatures qui hantent la forêt quand nos cœurs sont sombres, le horla est la pire. Un esprit famélique qui réclame de la chair humaine ou de la souffrance humaine. Il y a bien des potions, amulettes et formules pour s’en prémunir, mais la plus sûre façon de se débarrasser d’un horla est encore de faire la paix avec soi et ses proches, car l’amour est une chose qui le terrifie.

20

Conte : Un jour, une personne revint terrifiée de sa chasse. Elle avait vu une créature humanoïde aux traits bestiaux qui avait tenté de s’emparer d’elle. Les anciennes dirent que c’était un horla. Mais moi je sais que beaucoup de personnes ont disparu, même si on ne veut pas en parler. Alors, soit elles ont été enlevées, soit ce sont elles qui sont devenues sauvages.

21

Conte : Une jeune personnes rêvait de partir à la chasse et de passer à l’âge adulte. Ses aînées cédèrent à son assistance et l’emmenèrent avec elle en forêt. Mais elles la forcèrent à rester dans la tente tandis qu’elles se risquaient au contact du gibier et des prédateurs. Restée dans sa tente, la jeune personne s’ennuyait ferme, jusqu’à ce qu’elle reçoive la visite d’un horla qui lui fit voir les beautés du monde. Mais aussi ses horreurs.

22

Conte : ★ Deux parents et leur enfants couraient dans la forêt pour rejoindre leur communauté, car la mort les guettait. Le père portait son enfant, hélas l’enfant est mort quand même. Le père, au désespoir, se dit : « Je dois quand même poursuivre ma route, pour protéger mon épouse. » Mais pendant qu’il portait son enfant, il avait couru moins vite, et quand il releva la tête, son épouse n’était plus en vue, partie loin au devant.

23

Conte : Un jour, la communauté bannit une jeune personne car elle avait des pouvoirs étranges. En fait, elle commandait à la nature. Alors qu’elle était au loin, la tribu souffrit de la famine. Elle revint et les sauva en commandant aux arbres de nourrir la tribu. L’histoire ne dit pas si la tribu fut reconnaissante, ni si la jeune personne chercha à se venger d’avoir été bannie.

24

Conte : La communauté recueillit une personne étrangère qui mourait de faim, de froid, d’oubli et de désespoir. Ils la remirent sur pied. Elle se mit alors à commercer de l’alcool frelaté et plusieurs membres de la tribu furent pris de folie. Certaines disent qu’il fut beaucoup pardonné à l’étrangère, d’autres qu’elle fit amende honorable. D’autres pensent plutôt que tout ça a très mal tourné et que les conséquences se font encore sentir.

25

Conte : Un enfant tomba gravement malade. Trois de ses proches battirent la forêt à la recherche d’un remède, sans succès. Quant un jour, un horla se présenta à eux, prétendant connaître la solution. Il demanda aux trois de révéler une vérité cruelle qu’ils cachaient au fond d’eux. Quand les trois l’eurent fait avec sincérité, compromettant gravement leur image auprès des autres, le horla dit avec un grand sourire : « Frottez le front de l’enfant avec l’écorce de son arbre favori et il sera guéri. C’était tout simple en vérité. »

26

Conte : Une personne vivait en harmonie avec sa communauté. Pourtant au fond d’elle, elle sentait que quelque chose n’allait pas. Tout le monde était trop gentil avec elle. Alors, elle prétendit s’absenter en forêt pour une longue course. Mais elle revint en cachette au bout d’une heure. Les gens de sa communauté n’étaient plus là. Dans un arbre, étaient pendus des masques à leur effigie. Qu’étaient alors ces gens ? Et que sont devenus alors ses véritables proches ?

27

Conte : ★ Une personne connue pour sa curiosité en croisa dans la forêt une autre qui portait un chargement couvert d’une toile. « Que transportes-tu ? - Je livre de la pierre et du bois. - Peux-tu donner plus de précision ? - Ça te porterait malheur d’en savoir plus. - Je n’ai pas peur, dis-moi. - Tu l’auras voulu. Je transporte une pierre tombale et un cercueil. » Dès lors, il ne restait plus à la personne curieuse que quelques heures à vivre.

28

Conte : Une personne arpentait la forêt à la rencontre des plus terribles crapules qu’on puisse y croiser. Elle leur offrait de l’or et des souvenirs précieux. Un jour, une autre personne lui demanda : « Pourquoi offre-tu tes biens à ces monstres ? - Parce qu’ils ont tué ma famille. Je les enrichis pour qu’ils n’aient plus besoin de faire du mal pour vivre. »

29

Conte : ★ Un jour, cette personne qui aimait à inventer des histoires, raconta à qui voulait l’entendre qu’une autre personne de la communauté cachait une grande fortune, et cette rumeur finit par se répandre. Un beau jour, on découvrit que l’autre personne possédait en effet de précieux biens. Alors, on vit chercher la personne qui avait imaginé la rumeur et on lui dit : « Ce soir, nous allons te condamner à mort. Parce que tu as inventé une chose et que cette chose est devenue vraie. On ne joue pas impunément avec la réalité. »

30

Conte : ★ Une personne souffrait de tous les maux et de toute la malchance du monde. Elle s’en ouvrit à une autre, qui était sage. Cette dernière lui dit : « Assurément, tu es la victime d’un envoûtement. Quelqu’un t’a jeté un maléfice. Vas trouver quelqu’un pour te désorceler. » La personne malade partit réfléchir, puis elle revint voir la personne sage avec une arme : « Je vais te tuer parce qu’en annonçant que j’étais sous le coup des sorts, tu m’as porté malheur, et mettre fin à tes jours me libérera. »

31

Conte : Les femmes humaines s’enfonçaient dans la forêt, attirées par le brame du cerf végétal. Ce dernier les fécondait, et puis elles revenaient à la communauté, différentes. Elles avaient ensuite des rapports avec les hommes qui a leur tour s’enfonçaient dans la forêt, attirés par le cri des biches végétales, qu’ils fécondaient en dernier lieu. Les sucs de cet animal sont aussi recherchés pour fabriquer des philtres d’amour)

32

Conte : ★ Les personnes d’une communauté disparaissaient les unes après les autres, dès lors qu’elles s’absentaient en forêt. Une personne déterminée partit à leur recherche. Elle trouva un arbre avec des fruits charnus, une ombre accueillante, une écorce douce pour le dos, et s’installa dessous pour bivouaquer. Elle eut l’idée de creuser pour trouver des racines comestibles, et c’est alors qu’elle trouva avec horreur les squelettes de ses proches. L’arbre les avait tuées et les avait digérées.

33

Conte : Une personne entendait des voix provenant de la forêt. Certaines étaient plaintives, d’autres enjouées, d’autres graves et d’autres douces. Toutes l’appelaient. La personne n’en pouvait plus et partit entre les arbres à la recherche de ses voix. Les voix étaient maladroites et sonnaient faux mais sa curiosité l’emporta, et elle progressa très loin dans ce campement, jusqu’à arriver en face des personnes qui produisaient ces voix. C’était des horlas.

34

Conte : ★ Une personne découvrit dans un fossé une cache pleine de remèdes datant de l’Âge d’Or. Cette personne était avide, alors elle garda bien ce secret. Quand quelqu’un dans la communauté tombait malade, elle attendait que son agonie soit très proche pour lui donner un remède en échange de contreparties très élevées.

35

Conte : ★ Il y avait cette personne qui avait une très bonne mémoire. Elle passait son temps à raconter son passé aux autres. Beaucoup se régalaient de ses anecdotes, ou s’émouvaient de la voir ouvrir son cœur. Mais il y en avait une qui paraissait de plus en plus triste et grave. Un jour, la personne qui avait bonne mémoire alla trouver celle qui était triste et lui demanda les raisons de son attitude. Celle-ci sortit une arme et dit : « Je vais te tuer parce que moi j’ai tout oublié et je n’en peux plus de voir ton bonheur. »

36

Conte : ★ Une personne tomba malade. Elle eut de la fièvre, puis des troubles qu’elle refusait de détailler. Elle finit par quitter la communauté. Une autre personne partit à sa recherche et finit par la trouver au cœur de la forêt : « Tu n’as pas à nous fuir parce que tu souffres ou que tu serais un poids mort, reviens et nous nous occuperons de toi. - Tu n’aurais pas du me chercher. Mon mal m’oblige à manger de la chair humaine pour survivre, j’ai préféré partir. Mais maintenant tu es là et j’ai trop faim. »

37

Conte : Une personne recueillit un changeforme qui mourrait de faim et de froid. Elle en prit soin et peu à peu le changeforme lui fit des confidences. Il lui dit que la personne pouvait prendre le contrôle de son corps si elle le voulait, comme une seconde peau. La personne essaya une première fois et fut très vite tentée de recommencer. Elle usa de tous les chantages et marchandages pour user le corps du changeforme et vivre avec des expériences de plus en plus risquées. Un jour, une personne amoureuse du changeforme vient lui dire de cesser.

38

Conte : Une personne ne se déplaçait jamais sans un petit sac rempli de terre. À de nombreuses occasions, elle sortait la terre, faisait des dessins dedans, la touchait, la respirait. Un jour, on lui demanda : « Pourquoi joue-tu ainsi avec cette terre ? - Elle contient les cendres d’une personne qui me fut très chère. Elle contient tous mes souvenirs de cette personne. Sans cette terre je ne pourrais ni vivre ni lui rendre mémoire. »

39

Conte : ★ Deux personnes erraient de concert dans la forêt. La plus âgée, la plus meurtrie, prenait soin de la plus innocente, lui apprenait à rester humaine, mais aussi à se méfier de tout et de tous. Elle lui disait que le suicide était préférable au sort que lui réserveraient certains. Elle a pris des décisions très radicales pour la protéger. Aujourd’hui, il ne reste que la personne innocente. Elle pense avoir trouvé une nouvelle famille.

40

Conte : ☆ Il y avait cette personne cabossée par la vie et qui portait le malheur sur sa gueule, du coup on ne lui faisait pas confiance, même on la craignait, on la rejetait. Moi, j’ai pris la peine de la regarder dans les yeux et j’ai trouvé une âme-sœur.

41

Conte : ☆ Une personne arriva dans la communauté et commença à prêcher. On l’interrogea sur sa foi et on comprit qu’elle s’était nommée prophète toute seule. « On ne fait pas confiance aux messies auto-proclamés », lui dit-on avant de la rejeter. Moi, j’ai quand même pris la peine de l’écouter et ses paroles m’ont mis du baume au cœur.

42

Conte : ☆ Un chien gémissait sur une butte, maigre et triste à pleurer. Une personne de passage demanda aux ermites ce que faisait ce chien. « Il pleure la personne qui l’a élevé et qui est enterrée ici. On ne se rappelle plus qui c’est. L’amour des hommes s’éteint, mais les chiens n’oublient jamais. »

43

Conte : ☆ Une personne découvrit que les horlas pouvaient s’emparer de son corps, le contrôler et parler par sa voix. Au début, elle eut très peur, elle voulut même mettre fin à ses jours. Puis elle réalisa qu’elle pouvait aider les gens. Elle entrait en transe et les horlas la possédaient, ils répondaient aux questions, disaient la cause et le remède de certains maux, et faisaient passer les demandes qu’ils avaient et les messages des morts. Ainsi, elle servait d’intermédiaire entre le peuple et le monde de la surnature.

44

Conte : ☆ Une personne commençait par se transformer en horla. Elle crut qu’elle était sous l’effet d’une malédiction. Elle avait aussi très peur de perdre son humanité. Elle commença par faire du mal à des personnes, pour se venger, par instinct, pour se protéger. Et un jour, elle rencontra une personne qui lui apprit à s’aimer telle qu’elle était, et elle fut en paix avec son sort.

45

Conte : ☆ Une personne voulait transmettre des souvenirs beaux et précieux à une autre personne qu’elle aimait très fort et qui vivait à l’autre bout de la forêt. Elle paya une troisième personne pour convoyer ses souvenirs jusqu’à bon port. Mais en chemin, elle se fit attaquer et piller ses souvenirs par des brigands qui la laissèrent pour morte. La personne convoyeuse arriva donc les mains vides chez la personne à qui les souvenirs étaient destinés. Mais leur rencontre les changea toutes deux à jamais.

46

Conte : ☆ Cette personne voulait tuer son chien, alors elle l’accusa de la rage. Mais alors une épidémie de rage se répandit, qui faisait un désastre chez les humains et les humaines. On ne savait que faire pour l’arrêter. Jusqu’à ce qu’une autre personne se pencha vers le pauvre chien et lui dit : « Moi, je t’aime. »

47

Conte : ☆ C’était l’histoire de parias que personne ne voulait voir dans les environs. On les disait sales, fous, dangereux. Mais une personne prit la peine d’aller converser avec eux. Et voici ce qu’ils lui dirent : « Nous ne sommes pas des marginaux. Nous sommes les explorateurs et les gardiens des frontières. Nous avons tout abandonné pour préparer votre survie. »

48

Conte : ☆ C’était l’histoire d’une personne qui avait perdu tous ses repères. Elle ne trouvait nulle part de réponse à ses tourments et s’en trouva à vagabonder seule dans la forêt, sans espoir. Un jour, elle rencontra une personne à la tête recouverte d’un panier en osier, assise dans une charrette tirée par deux sangliers. Elle était en loques et se présenta sous le nom de Roi en Jaune. Elle lui offrit la réponse à toutes ses questions. Et avec, la folie qui apaise l’âme.

49

Conte : Une personne rêvait d’apprendre la magie. Mais elle comprit que si la magie apporte beaucoup, elle prend encore plus. Elle comprit qu’il était plus facile et moins risqué de bricoler des miracles par des tours de passe-passe et d’exploiter les crédules.

50

Conte : ★ Une personne étrangère se joint un soir au bivouac. « Désolé, nous n’avons pas grand-chose de bon à te servir à manger, dirent les personnes qui campaient là. - Qu’à cela ne tienne, répondit-elle, j’ai là cette cuiller enchantée. Prenez-là et mangez avec, vous verrez. - C’est incroyable, tu as raison, notre rata est délicieux maintenant. - Délicieux… mais mortel, conclut la personne avant de retourner aux ténèbres.

51

Conte : Plonger dans l’égrégore pour voir le futur ou la vérité comporte des risques : parfois on voit ce qu’on cherche, souvent on voit toute autre chose et on accède à des révélations dérangeantes.

52

Conte : ★ Une personne en séduisait d’autres jusqu'à ce qu'elles sombrent dans l'amour fou et les tuait ensuite par surprise (ou leur demandait de se suicider, ou de le laisser les tuer). Ensuite, elle pouvait déguster leur corps imprégné de cet puissance d’amour pour elle.

53

Conte : Cette personne n’arrêtait pas de tousser. Elle disait qu'elle avait mal aux poumons. Simagrées ? On l'a prise au sérieux quand elle a recraché une branche d'arbre !

54

Conte : On entendait cette langue, dans la gueule des animaux et dans la bouche de certaines personnes. Une langue faite de raclements de gorge, de grognements, de borborygmes. C’était la langue que parlaient les personnes possédés et celles qui pratiquent la sorcellerie. La langue des horlas. La langue de la magie. La langue antédiluvienne. La langue putride.

55

Conte : Une personne décida de se rendre dans les tréfonds de la forêt, là où on n’entend ni ne voit plus aucune rumeur de l’activité humaine. Elle voulait connaître la vérité sur l’origine des bois. Et quand elle revint témoigner, ses cheveux avaient blanchi de peur, et elle perdit la raison tout de suite après avoir parlé, si ce n’était pas déjà le cas avant. Elle avait vu une entité faite de chair, d’humus et de membres, qui était à l’origine du monde. Iä ! Shub-Niggurath ! La chèvre noire des forêts aux mille chevreaux !

56

Conte : C’est cette personne, la plus idiote de la communauté, qui croyait que la taupe et le renard étaient le même animal : taupe sous la terre, renard sur la terre. Le pire… C’est qu’elle avait raison !

57

Conte : ★ Il y avait cette personne qui ne supportait plus les cris d’un bébé de la communauté. Elle n’en pouvait plus. Elle disait : « C’est comme un démon. Un démon qui me tape sur le nerfs. » Jusqu’au jour où elle voulut calmer ses cris qui la rendaient folle. Et elle sortit sa hache.

58

Conte : ☆ Il y avait cette personne qui parcourait tout Millevaux à la recherche de mets de choix. Nouvelles chairs, cuissons exotiques, saveurs inconnues. Jusqu’au jour où elle trouva une personne qui lui mit tout de suite l’eau à la bouche. Elle s’apprêtait à la manger, mais elle s’arrêta et lui dit : « J’ai enfin trouvé ce que je cherchais. Je ne peux pas te manger, car je veux t’avoir tous les jours en vie à mes côtés. »

59

Conte : ☆ Au sein de la communauté, on suspecta une personne d’être tombée malade. On l’obligea à porter des gants, on lui donna une vaisselle à part, on refusait de le toucher, etc. Puis on hésita entre la bannir, la tuer ou lui faire subir un sort pire encore. Jusqu’à ce qu’une autre personne l’emporte avec elle. « Tu n’es pas malade, tu es juste différente, et moi je t’accepte telle que tu es. Maintenant, tout ira bien. »

60

Conte : ☆ Une personne errait dans la forêt, à demi-morte de faim. Quant à minuit, elle trouva dans une clairière une table garnie d'un magnifique festin. Invite des saints ou du démon ? Dans tous les cas, c’était fameux. Il en est toujours ainsi des repas gratuits, de la chaleur du feu, et des bras aimants.